par Pharm-eNews
Le métier de préparateur en pharmacie existe depuis 1946, date des premiers statuts. Plus de 70 000 préparateurs et préparatrices en pharmacie exercent en France dont plus de 60 000 en officine, soumis à une obligation de parcours DPC tous les trois ans. Aujourd’hui plus que jamais, le métier de préparateur est amené à évoluer. La montée en compétences des préparateurs est importante pour accompagner le pharmacien voué à exercer de nouvelles missions de santé publique. La création d’un DEUST, puis prochainement d’une licence, marquent des étapes importantes de l’évolution du parcours de formation initial des préparateurs en pharmacie. Jusqu’à présent, ils n’étaient pas représentés au sein des Conseils nationaux professionnels (CNP) dont l’objet est de rassembler les professionnels d’un domaine particulier de la santé. Le Conseil national professionnel des préparateurs en pharmacie d’officine (CNPPPO) a été créé par des préparateurs et préparatrices en pharmacie avec pour mission première de développer l’accès, la mise en œuvre et la traçabilité des actions de formation, principalement éligibles au DPC.
Pour en savoir plus sur les évolutions du métier, sa représentativité et ses accès aux formations, la rédaction de Pharm-eNews a interviewé Arielle Bonnefoy, présidente du CNPPPO. Au cours de ses 45 ans de pratique professionnelle, cette parisienne d’origine s’est confrontée à de multiples situations (villes, campagne, centres commerciaux) dans différentes régions de France (Ardennes, Seine-Maritime, Indre-et-Loire). Sa connaissance fine du métier en fait une interlocutrice de choix.
Pharm-eNews : Arielle Bonnefoy, pourquoi et comment s’est créé le CNPPPO ?
Arielle Bonnefoy
Je siège depuis 2012 dans les commissions scientifiques indépendantes de l’Agence Nationale du Développement Professionnel Continu (ANDPC). Cette activité m’a permis de constater que contrairement aux autres professions de santé, les préparateurs n’étaient représentés qu’à travers les instances syndicales, qui veillent en priorité au respect des droits du travail et de la négociation collective.
C’est ce constat qui en 2020 m’a donné l’idée de créer l’Association nationale des préparateurs en pharmacie d’officine, reconnue depuis 2022 comme Conseil National professionnel (CNP).
Avec le CNPPPO, notre objectif est d’obtenir une meilleure visibilité notamment auprès du ministère de la Santé et de faire évoluer notre formation professionnelle. Notre but n’est pas tant d’avoir des adhérents, mais des contributeurs qui participeront aux travaux du CNP, que la profession prenne en mains son parcours professionnel.
Dans ce cadre, nos missions sont multiples autant que nécessaires pour que les préparateurs en pharmacie d’officine exercent leur métier dans les meilleures conditions qui sont notamment :
- S’assurer du respect de l’obligation triennale.
- Assurer une veille sur les initiatives de terrain et les besoins des professionnels.
- Participer à la mise en place de registres d’observation des pratiques professionnelles.
- Contribuer à l’élaboration du document de traçabilité des actions du DPC.
- Proposer un parcours pluriannuel du DPC.
- Formuler des avis sur les modifications à apporter au DPC et sur l’évaluation de son impact sur les pratiques professionnelles.
- Recueillir les pratiques, avis, attentes des professionnels concernant les actions du DPC.
La mise en place de l’évaluation des pratiques professionnelles, qui n’existe pas aujourd’hui, figure parmi nos projets prioritaires.
Pour moi, il est clair que le développement de nos compétences via le DPC ne peut que servir la profession mais aussi permettre de mieux accompagner les pharmaciens dans leurs nouvelles missions et contribuer à une meilleure qualité de soins des patients.Pour nous faire connaitre, car nous sommes encore une très jeune association, nous communiquons principalement par le biais de notre site Internet et de notre page LinkedIn. Nous étions également présents cette année sur le salon PharmagoraPlus les 9 et 10 mars.
Pharm-eNews : Arielle Bonnefoy, quelle opportunité vous apporte le CNPPPO dans vos relations avec les pharmaciens ?
Arielle Bonnefoy
Si portrait-robot du préparateur il y a, selon les données dont nous disposons, il a en moyenne 40 ans, et il s’agit d’une préparatrice dans 85% à 90% des cas. Nous pouvons encore dire que dans notre métier, il y a plus de CDI temps complets que temps partiels, et que les préparateurs préparatrices comptent pour 55% du personnel des officines en nombre d’individus, vs par exemple 25% pour les pharmaciens adjoints.
Pour poursuivre sur les tendances, l’actualité de notre métier est bien sûr marquée par l’ouverture d’une année de licence dans le parcours de formation initiale. L’association a participé depuis le début aux travaux de réingénierie du diplôme, à la création du référentiel licence aux côtés des syndicats de salariés, des chambres patronales et des Ministères concernés. Le programme de licence pour les préparateurs exerçant à l’hôpital est presque prêt. En ce qui concerne celui des préparateurs officinaux, nous attendons l’accord du ministère de la Santé pour redémarrer les travaux.
Notre but est que les deux ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation donnent leur accord. Maintenant, rien ne sera probablement mis en place avant la rentrée 2025.
Les changements attendus à partir de là sont ceux d’une meilleure rémunération, d’une reconnaissance de diplôme qui ouvre des passerelles et fasse évoluer le métier avec de nouvelles missions comme la conciliation médicamenteuse, l’éducation thérapeutique du patient, ou encore la vaccination.
Nous espérons également que cette licence donne plus d’attractivité au métier de préparateur qui comme les autres métiers du secteur de la Santé n’est pas sans connaitre de difficultés de recrutement.
En synthèse, pour conclure cet échange, nos trois priorités sont la formation DPC avec la mise en place de l’évaluation des pratiques professionnelles, l’élaboration du document de traçabilité des actions du DPC pour les préparateurs et préparatrices en pharmacie d’officine, la licence du préparateur et sa reconnaissance.
Alors, rendez-vous pour une prochaine étape !